Extrait l'île au nuage troué de l'auteur Jean-Yves Demers
Chapitre 2
La pendule venait de sonner et Valérie y jeta un regard. Son damné de faux frère devait être sur le point de rappliquer, il lui fallait donc se dépêcher si elle voulait avoir le temps de prendre rendez-vous avec son correspondant. Elle continua à discuter avec le garçon qu'elle avait en ligne en se rongeant l'ongle du pouce. Aimant se faire draguer, elle faisait les yeux doux à tous les beaux garçons qu'elle avait en direct sur internet. Elle remit sa webcam en marche et sourit au beau brun qui la regardait avec des yeux charmeurs. Un claquement de porte la fit sursauter.
– Dégage de là, j'ai quelque chose à faire !
– Pogne-pas les nerfs toi !
– Hé, je te le dirai pas deux fois, tu sais.
– Tiens, le voilà ton ordi. Je décampe.
Valérie ferma la salle de bavardage d'un clic de souris, et sans un regard pour son effronté de frère, sortit de la pièce. Elle grimpait les marches deux par deux lorsque le bout de son pied glissa et son tibia alla à la rencontre de la contremarche.
– Ayoye ostie !
– Voyons encore, qu'est-ce qui te prend toi ?
Se frottant la jambe elle ne répondit rien. Mieux valait ne pas recommencer une chicane, parfois ça dégénérait un peu trop entre eux. Elle se saisit de son téléphone et composa le numéro de sa meilleure amie.
– Lucie ?
– Oui, ah ! C'est toi, Valérie !
– Quoi moi ? On dirait que je te dérange.
– Pas du tout, je ne savais pas trop quoi faire.
– Est-ce que je peux aller chez toi ? J'aurais quelque chose, enfin quelqu'un, à te montrer sur...
– Tu as quelqu'un avec toi ?
– Non, non, dans l'ordinateur. Je voudrais te...
– Rapplique au plus vite dans ce cas...
– J'arrive. À tout de suite.
Régis regarda distraitement sa demi-sœur partir en coup de vent. Il n'arriverait jamais à la comprendre celle-là. Toujours sur une patte en train de courir après il ne savait trop quoi.
Le garçon croyait avoir trouvé le filon d'or, le vrai de vrai. Un tract laissé sur le pare-brise de son auto vantait une compagnie d'investissement sur le net. Il voulait étudier cela au plus vite car les places étaient soi-disant limitées. Il copia soigneusement l'adresse et vit une page web de couleur verte et blanche s'ouvrir.
– Tiens, la même couleur que les billets de banque, pensa-t-il tout haut. Pas bête ça !
Il y lisait que, pour un investissement mensuel de vingt-deux dollars, ils vous promettaient une rente mensuelle très alléchante chaque mois au bout de quinze mois. Cinq mille dollars par mois au bout de deux années. Un peu sceptique, ça paraissait trop beau pour être vrai. Par contre, en lisant les explications plus à fond, il changea d'opinion. La compagnie était dûment enregistrée après du gouvernement et à l'I.G.I.F. Cela le rassura immédiatement.
Un endroit pour s'inscrire comme membre observateur l'attira. Il ne perdait rien et aurait un pied dans la place. J'aurai bien le temps de me faire une idée dans les jours qui viennent. Aussi commença-t-il à remplir les petits rectangles blancs...
Valérie sonna en entra. Elle vit la maman de son amie en train de cuisiner. Elle se demandait pourquoi elle était si maigre tout comme l'était sa fille. Elle était toujours en train soit de copier des recettes de cuisine, soit d'en expérimenter de nouvelles. Dans la cuisine flottaient toujours des arômes différents chaque jour. Elle aimait de temps en temps venir papoter avec la mère de son amie tout en la regardant mélanger plein de trucs.
– Bien le bonjour Mademoiselle Soltez. Daignez-vous donner la peine d'entrer s'il vous plaît !
– Ah ! Lucie, arrête tes cérémonies, ça ne fait plus rire personne et moi encore moins.
Lucie fit la moue et monta l'escalier en courant.
– Cou-donc ! As-tu tes règles ?
– Quoi ? Ah non, pas du tout. Regarde.
Levant la jambe de son pantalon, elle montra la belle bosse bleue qui avait pris du volume encore depuis les dernières minutes.
– Ouche ! Qui t'a fait ça ?
– Heu... personne. J'ai loupé une marche tantôt et... Écoute, je ne suis pas ici pour parler de...
– Tu m’as parlé d'ordi, alors...
-Ben oui, les salles de clavardage.
– Ok, ok. Dans quelle salle il est ton apollon?
– Je te montre. Tasse-toi un peu.
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